Transparence sur les notes de frais des élus
(dernière mise à jour le 12/04/2023)
Présentation de la situation
Dans un arrêt du Conseil d’Etat du 8 février 2023, le juge administratif se prononce sur la transparence des notes de frais et de déplacement des élus et des agents.
Que dit l’arrêt ?
Dans cette décision, le Conseil d’Etat aborde la question du fondement juridique de la demande des notes de frais ainsi que la nature de ces documents au regard de la protection de la vie privée.
D’après l’article L.2121-26 du CGCT, « Toute
personne physique ou moral a le droit de demander communication des
délibérations et des procès-verbaux du conseil municipal, des budgets et des
comptes de la commune et des arrêtés municipaux. Chacun peut les publier sous
sa responsabilité. La communication des documents mentionnés au premier alinéa,
qui peut être obtenue aussi bien du maire que des services déconcentrés de l’Etat,
intervient dans les conditions prévues par l’article L.311-9 du Code des
relations entre le public et l’administration. »
Dans un avis du 12 juillet 2018, la Commission d’accès
aux documents administratifs avait considéré que les justificatifs des dépenses
étaient indissociables des budgets et comptes communicables, avis que le
Conseil d’Etat ne partage pas : « le droit de communication
qu’instituent les dispositions de l’article L. 2121-26 du Code général des
collectivités territoriales s’agissant des « budgets » et des « comptes » des
communes ne s’étend pas aux pièces justificatives des opérations et documents
de comptabilité qu’il appartient à l’ordonnateur et au comptable public de
conserver, en vertu des dispositions de l’article 52 du décret du 7 novembre
2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique, lesquelles
constituent des documents distincts des « comptes » visé par le droit de
communication spécial établi par cet article du Code général des collectivités
territoriales. »
Le Conseil d’Etat estime que les notes de frais et de déplacements constituent des documents administratifs, communicables à toute personne qui en fait la demande dans les conditions prévues par la loi.
Article L.311-1 du Code des relations entre le public et
l’administration « Sous réserve des dispositions des articles L. 311-5
et L. 311-6, les administrations mentionnées à l’article L. 300-2 sont tenues
de publier en ligne ou de communiquer les documents administratifs qu’elles
détiennent aux personnes qui en font la demande, dans les conditions prévues
par le présent livre. » |
Ensuite, le Conseil d’Etat étudie la question du
respect de la vie privée des élus et des agents publics. Pour le juge administratif, l’exigence de transparence de la vie publique
impose aux personnes qui exercent des mandats publics ou remplissent des
fonctions publiques de rendre les dépenses qu’elles exposent accessibles à
toute personne qui le demande. Mais il admet que ces documents puissent être
occultés si les informations communiquées peuvent être de nature à porter
atteinte aux secrets et intérêts de la vie privée.
Mais compte tenu de l’exigence de transparence impérative
posée par le Conseil d’Etat, la possibilité d’occultation des notes de frais et
autres documents similaires serait une hypothèse très rare, si ce n’est même
exceptionnelle. En effet, cette communication a pour objectif,
à juste titre, de connaître l’identité des personnes invitées ou bénéficiaires
ainsi que les motifs des dépenses exposées.
Enfin pour rappel, dans une décision n°2019-781
DC du 16 mai 2019, le Conseil Constitutionnel a fait du bon usage des deniers
publics une exigence constitutionnelle. Ainsi, la protection de la vie privée ne
peut pas exonérer les élus de cette obligation impérative de transparence et d’exemplarité.