La loi 3DS
(dernière mise à jour le 22/02/2022)
Présentation de la situation
A l’issu de la réunion de la commission mixte paritaire le 31 janvier 2022, l’Assemblée Nationale et le Sénat ont définitivement adopté les 8 et 9 février 2022 le projet de loi 3DS. Ce texte avait été présenté en Conseil des Ministres par Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales le 12 mai 2021. Le texte est encore en attente de la parution d’un décret d’application pour en préciser les détails.
Que dit la loi ?
La loi 3DS apporte un certain nombre de modifications au droit positif notamment sur les sujets de compétences des collectivités territoriales ou encore le logement social.
Les compétences des collectivités territoriales
La délégation de
compétences est rendue plus souple, devenant « à la carte ». En effet, le texte prévoit la possibilité de délégation de compétences
entre collectivités et EPCI pour la réalisation de projets structurants sur les
territoires et non sur l’ensemble d’une compétence. Un EPCI peut déléguer à un
département ou une région tout ou partie d’une compétence qui lui a été
transférée par ses communes membres, avec l’accord unanime de ces dernières.
Sur le domaine des compétences, une plus grande confiance
est faite envers les intercommunalités, ainsi une ou plusieurs communes pourront transférer tout ou partie d’une
compétence facultative à leur intercommunalité en application du principe de
différenciation territoriale.
L’exercice de la compétence Voirie se voit soumis à l’intérêt
communautaire ou métropolitain. Les communes, communautés urbaines et
métropoles pourront décider conjointement de distinguer la voirie d’intérêt
communautaire de la voirie relevant des communes.
Sur la compétence
Tourisme, la loi 3DS prévoit la possibilité d’une
restitution de la compétence tourisme aux communes touristiques des communautés
d’agglomération et aux stations classées des communautés urbaines et des
métropoles. Les restitutions s’effectuent par accord à la majorité qualifiée.
Malgré de nombreuses discussions, la loi maintient le transfert obligatoire des compétences eau et
assainissement aux communautés de communes d’ici à 2026. Sauf
si la communauté de communes délibère contre, est prévu par la voie de la
délégation le maintien des syndicats compétents en matière d’eau,
d’assainissement, de gestion des eaux pluviales urbaines ou dans l’une de ces
matières, inclus en totalité dans le périmètre d’une communauté de communes
exerçant à titre obligatoire les compétences eau et assainissement à partir du
1er janvier 2026.
Dans l’année qui précède le transfert obligatoire au 1er
janvier 2026 de ces compétences, les communes et la CC organisent un débat sur
les modalités de sa mise en œuvre. Les EPCI pourront mobiliser leur budget
général pour éviter une augmentation sensible des tarifs de l’eau liée aux
investissements nécessaires ou pendant la période d’harmonisation des tarifs
suivant la prise de compétence.
Le logement social
Sur la loi SRU, et conformément aux demandes de l’AMF, la date butoir de 2025 imposée aux communes
pour remplir leurs obligations de production de logements sociaux a été
supprimée. Dans le même temps, les obligations de taux
minimal de logements sociaux dans chaque commune concernée sont maintenues. La
loi 3DS met aussi en place la possibilité d’un contrat de mixité sociale, qui, au maximum
sur trois périodes triennales consécutives, permettra d’adapter les objectifs
de rattrapage de construction de logements sociaux, après accord entre les maires,
l’EPCI et les préfets.
De même, la loi abaisse le seuil d’objectifs de réalisation
de logements sociaux, pour la première période triennale, pour les communes
nouvellement soumises aux dispositions de la loi SRU. Enfin, un certain nombre
d’exemption ont été ajoutées.
Les autres mesures
La loi 3DS apporte encore de nombreuses autres
modifications à la marge qu’il convient de noter :
- En terme de pouvoir réglementaire, le régime des redevances dues aux communes, aux EPCI et aux syndicats mixtes pour l’occupation provisoire du domaine public par des chantiers de travaux sera fixé par délibération de l’organe délibérant.
- Le préfet devient le délégué territorial de l’Ademe et de
l’Office français de la biodiversité. Le préfet de bassin présidera le
conseil d’administration des agences de l’eau. Les préfets de département
pourront se voir déléguer, par le préfet de région, l’attribution des crédits
de la dotation de soutien à l’investissement public local (DSIL).
- Toute consultation locale relevant de la décision d’une
assemblée délibérante devra être signée par un dixième des électeurs d’une
commune au lieu d’un cinquième, et par un vingtième des électeurs des autres
collectivités territoriales (et non plus par un dixième). La pétition pourra avoir pour but de de saisir la collectivité de toute affaire
relevant de sa compétence « pour inviter
son assemblée délibérante à se prononcer dans un sens déterminé ».
- La loi 3DS permet
aussi le transfert des
autoroutes, routes nationales ou portions de voies non concédées aux départements et métropoles concernés et volontaires à
compter du 1er janvier 2024.
- Les départements deviennent chefs de file en matière d’habitat inclusif
et d’adaptation du logement au vieillissement de la population.
- La loi 3DS installe
auprès du président du conseil d’administration de l’ARS, le préfet de région,
quatre vice-présidents désignés parmi les représentants des collectivités
territoriales.
- Sur délibération de
leur organe délibérant avant le 30 juin 2022, les départements peuvent se
porter candidats à l’expérimentation de
la recentralisation du revenu de solidarité active.
- L’implantation d’éoliennes pourra désormais être réglementée dans le
cadre des PLU et PLUi. La procédure de modification des
PLU et PLUi sera simplifiée mais nécessitera une enquête publique.
- Désormais, grâce à
la loi 3DS, les conférences régionales
des SCoT disposent d’un délai supplémentaire de 6 mois pour décliner l’objectif de
réduction par deux de la consommation effective d’espaces agricoles et
forestiers à l’horizon 2031. Une fois arrêtées, les
propositions des conférences régionales des SCoT seront portées à la
connaissance des régions qui devront les décliner entre les différentes parties
du territoire régional au sein du SRADDET. Les régions disposeront pour ce
faire d’un délai supplémentaire de six mois : la loi « climat et résilience »
leur laissait deux ans (août 2023). Ce délai est reporté jusqu’en février 2024
par la loi 3DS. Les SRADDET modifiés
s’imposeront ensuite aux documents d’urbanisme qui devront être mis en
compatibilité en fonction des règles retenues dans le schéma régional.
- La loi réduit le
délai pour lancer la procédure
d’acquisition des biens sans maître lorsque les biens
se situent dans le périmètre d‘une grande opération d’urbanisme, d’une opération
de revitalisation de territoire d’un QPV ou d’une zone de revitalisation rurale :
de 30 à 10 ans.
- Les communes
peuvent désormais recenser leurs chemins ruraux et en confier la gestion à des
associations.
- Les communes devront alimenter une base nationale des adresses qui permettra notamment aux services de secours et aux opérateurs de télécommunication de géolocaliser chaque habitation.
- Dorénavant, le délit de prise illégale d’intérêt devra être caractérisé par le fait pour un élu de prendre un intérêt «de
nature à compromettre son impartialité, son indépendance ou son objectivité ».